Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles.

Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles.

Dans le brouillard

L'allée quadrillée par le pavé terne et froid est une nouvelle fois foulée par la jeune rousse. Ses rangers mal nouées se posent sur un pavé à la fois, ses bras à l'horizontale lui donne un semblant d'équilibre tandis qu'elle danse en rejoignant la Cathédrale. Son pantalon noir surmonté d'un long manteau tombant sur ses genoux, de la même couleur, est égaillé par la longue écharpe coloré, négligemment nouée autour de son coup. Le petit vent dans la nuit colore ses joues d'un ton rose très léger. L'épais brouillard s'installe sur le toit des maisons en aval et commence à déborder aux pieds de la jeune demoiselle. Elle stoppe ses mouvements et fait halte dans sa danse pour admirer la beauté du spectacle. Les lampadaires teintent le nuage de douces lumières tamisés assorties à son écharpe.


Sa main droite est recroquevillée dans le fond de la poche de sa veste et l'autre, comme appelée, vient frôler le brouillard du bout de ses doigts. L'imposante Cathédrale sur son côté gauche est elle aussi envahie par le doux coton. La jeune femme semble cajolée par ce phénomène, si bien qu'elle tend la joue et penche sa tête à l'arrière pour laisser aller son coup à cette caresse éphémère. Elle savoure tendrement cet instant en laissant aller ses sens dans l'inconnue qui l'appel. Quelques instants plus tard le brouillard est devenu très épais et l'air hume quelque chose de particulier. Les boucles de cheveux de la jeune fille prennent du volume en réaction à l'humidité changeante. Puis se dessine au creux de sa main une étrange volupté qui atteint bientôt la taille d'une balle de tennis. Il ne fut pas nécessaire de regarder de plus près pour qu'elle sache que « son » retour est imminent.

 

  • Te voilà enfin, murmure t-elle.

 

L'épais brouillard s'intensifie autour de son corps, bientôt on distingue une main blanche enserrant celle de la jeune femme, qui vient de poser un genou à terre. Une forme d'apparence humaine se matérialise devant elle, tenant toujours le bout de sa main dans ses doigts de coton. La longue écharpe coloré de l'humaine repose sur les pavés quelques instants, elle y pose le regard mais rapidement la créature en face d'elle l'invite à se relever. Bien que toujours formée d'un intense brouillard, un sourire se devine sur le visage de notre drôle de personnage. A ses jolies formes nous pouvons deviner qu'il s'agit d'une femme. Elle dépose un baisé sur la main de l'humaine, celui-ci s'évapore dans les airs après s'être collé une seconde à la peau fraîche de la jeune femme. Cette dernière jette ses bras autours du coup de la belle inconnue et s'installe confortablement contre son corps de coton. Le froid ne la dérange pas au contraire, elle aime ce contact doux contre sa peau. Les deux êtres profitent de ce rapprochement pour tanguer au rythme d'un slow pour quelques secondes. Une impression de légèreté s'imprègne dans le cœur de notre jeune rousse. Sans s'en apercevoir son amante l'emporte quelques mètres au dessus du sol. Lorsqu'elle ré-ouvre les yeux elle admire un spectacle divin, elle a la tête juste par dessus l'énorme brouillard qui recouvre la petite ville.

 

  • Merci, dit-elle en déposant un baisé sur sa joue blanche.

 

En guise de réponse elle sourit et les fait redescendre petit à petit. Notre jeune protagoniste ne craint aucun mal, ce n'est pas leur première rencontre et elle redoute l'instant où sa belle va s'évaporer dans la même douceur qu'à son arrivée, sans prévenir. Elles échangent un long regard puis l'humaine ôte son écharpe et la positionne autour du coup de l'être magique. Tandis que leur visage sont à présent face à face la jeune humaine demande silencieusement à voir ses yeux. Alors dans le brouillard deux léger tourbillons se dessinent sous son front. Ils tournent quelques secondes puis une douce couleur bleu ciel vient s'y mélanger comme aspirée par la femme de coton. Lorsque le tour de magie est finit notre belle rousse aperçut ce qu'elle désirait. Ce ne n'était pas des yeux parfaitement dessiné et pourtant si évocateur de l'attachement que ce bout de nature à pour elle. Cette dernière, touchée par ce geste, l'enlace encore une fois et aperçoit dans le ciel les premières lueurs du soleil. Elle se recule, posant ses mains sur les épaules froides de sa partenaire et lui demande :

 

  • Je t'en pris, emmène moi avec toi.

 

L'écharpe coloré remue dans le vent tandis que notre étrange créature semble irradier de bonheur. Elle hoche la tête avant de tendre la main à sa jeune promise. Celle-ci à les yeux plongés dans son regard bleu glace. Sa main vient se poser après une longue inspiration sur celle qui lui est tendue et sans qu'elle ne ressente quelconque douleur elle commence à se sentir flotter dans l'air ambiant. Lorsqu'elle regarde ses jambes elle se rend compte que la transformation est en court et qu'elle aussi est entrain de se mêler à l'épais brouillard. Son pantalon tombe sur le sol, puis sa chemise blanche. Ne reste plus que sa longue veste. Une main qu'elle aperçoit à présent plus distinctement que tout à l'heure se pose sur son épaule en faisant glisser son manteau. Elle lui sourit avant de détacher l'écharpe autour du coup de sa partenaire. Les vêtements s'écrasent sur le sol pavé tandis que l'une et l'autre disparaissent peu à peu dans une accolade qui ne font d'elle plus qu'une seule. Les rayons du soleil chassent doucement le brouillard, il disparaît doucement laissant derrière lui les habits de la jeune rousse prêt de l'immense Cathédrale et l'écharpe coloré a peine plus loin.

 

 

 

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25/01/2012
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